FILEP 2011

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FILEP 2017 : mot de bienvenue du président du comité d'organisation à la cérémonie d'ouverture

Chères consœurs et Chers confrères

 

Amis défenseurs de la liberté de presse et d’expression et des droits humains,

 

Le Comité d’organisation de la 7ème édition du Festival international de la Liberté d’Expression et de presse (FILEP) et le Comité de Pilotage du Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP/NZ), voudraient par ma voix, vous souhaiter la bienvenue en terre hospitalière et libre du Burkina Faso.

 

Bienvenue à ce festival unique en son genre qui réunit tous les deux ans des Africains libres engagés à conquérir plus d’espace de libertés pour tous !

 

Porté sur les fonts baptismaux en 1999 au lendemain de l’assassinat de notre confrère émérite Norbert Zongo, dans la répression violente, les pressions et menaces de toutes sortes, le FILEP a fini par s’imposer comme un espace interafricain de réflexion collective et prospective sur les grands enjeux de gouvernance et de développement du continent africain, grâce à la témérité d’hommes de foi et de conviction.  Ces derniers ont fait leur cette maxime de Voltaire : “Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire.”

En effet, pour ce qui concerne le cas du Burkina Faso, même ceux qui ont dirigé la répression de 1999 jouissent aujourd’hui de cette liberté d’expression et en abusent même. Comme l’a si bien relevé Noam Chomsky, “Si la liberté d'expression se limite aux idées qui nous conviennent, ce n'est pas la liberté d'expression.”

 

 

Monsieur le Haut Représentant du Président du Faso

Distingué invités ;

Chers festivaliers,

 

Le FILEP (je ne vous apprends rien) a été forgé et a grandi à travers des épreuves. En effet, il y a deux ans, alors que nous étions réunis dans cette même salle pour la 6ème édition, avec pour objectif de réfléchir sur la contribution des médias aux changements politiques en Afrique, un général félon, à la tête d’une « horde d’insoumis » (selon le Président Michel Kafando de la Transition) avait décidé d’entrer dans l’histoire à reculons. En perpétrant le coup d’Etat « le plus bête du monde », en terrorisant les populations, en s’attaquant violemment aux médias et en assassinant des manifestants devant les caméras et micros du monde entier, ils ont créé les conditions de leur échec. La résistance du peuple contre ce pronunciamiento a été amplifiée par l’immense contribution des festivaliers dont la grande majorité a refusé de se terrer dans les hôtels.

C’est le lieu pour nous de rendre un vibrant hommage à tous les confrères qui ont participé par leur professionnalisme au succès de la résistance du peuple burkinabè. Nous aurons l’occasion, plaise à Dieu, de leur témoigner, notre reconnaissance de façon symbolique à travers quelques uns d’entres eux au cours de la présente cérémonie et ce soir également.

 

En ce moment solennel, nous voudrions vous demander d’avoir une pensée pieuse pour les confrères habitués à ce festival qui nous ont quittés depuis la dernière édition. Le dernier en date est Justin Coulibaly, membre du Comité de pilotage du Centre National de Presse Norbert Zongo, qui était membre du Comité d’organisation de la présente édition. En leur mémoire, je voudrais vous demander une minute de silence !

 

Monsieur le Haut représentant du Président du Faso,

Distingués invités ;

Chers confrères et consoeurs, chers amis ;

 

Notre monde n’est plus sûr, confronté qu’il est au terrorisme et toutes les formes d’extrémismes et de radicalisations. Aucun pays n’est à l’abri de la violence aveugle et meurtrière. Dans ce contexte international où les décomptes macabres allongent chaque jour la liste des victimes, l’Afrique se cherche. Depuis l’effondrement de la Libye, devenue pratiquement le sanctuaire de l’Etat islamique (EI) en Afrique, une bonne partie de l’Afrique du nord et toute la bande sahélo-sahélienne subissent de plein fouet l’installation progressive de la menace terroriste. L’on ne peut passer sous silence, la terreur que cherchent à imposer les Shébab en Afrique de l’Est (Somalie, Kenya) et Boko Haram en Afrique de l’Ouest et du Centre (Nigéria, Cameroun, Tchad).

 

Dans ce contexte d’insécurité ambiante, l’information devient un véritable enjeu en ce sens qu’aussi bien les Etats que les groupes terroristes cherchent à la contrôler et à la manipuler. La liberté d’expression et de presse se retrouve piégée entre, d’une part, le droit du citoyen à l’information et à l’expression libre de ses opinions et, d’autre part, des risques d’apologie du terrorisme par la diffusion d’informations profitables aux groupes et réseaux terroristes dont l’objectif est surtout de semer et d’imposer la logique de la terreur. 

 

Pris en tenaille entre, d’un côté, le devoir et la liberté d’informer et,  de l’autre, l’obligation de contribuer à la préservation de la paix et à la lutte contre les extrémismes, les médias sont donc la cible autant des terroristes que des acteurs de la lutte contre ce phénomène. Antoine Garapon, juriste français, dans un article intitulé « Que nous est-il arrivé ? » publié dans la revue Esprit en février 2015, écrit à ce sujet : « Les médias sont pris dans un dilemme infernal. D’un côté, l’écho médiatique risque de faire des victimes, les messagers involontaires de la recherche de gloire de leurs bourreaux, de l’autre, une autocensure pourrait être interprétée comme une capitulation. La peur peut faire réclamer des atteintes aux libertés qui finissent par réduire la différence entre les Etats démocratiques et les régimes autoritaires, précisément ce que recherchent les terroristes ».

 

Monsieur le Haut Représentant

Distingués invités ;

Chers confrères et consœurs, chers amis défenseurs des droits humains,

 

Le défi majeur est désormais de préserver l’Etat de droit et le vivre-ensemble démocratique garantissant et protégeant les libertés face aux dérives du tout sécuritaire. En effet, il est clair que les besoins de la lutte contre le terrorisme impliquent nécessairement un contrôle de l’information. Mais, il apparaît impératif de créer les conditions permettant aux médias professionnels de continuer à assurer le service public d’information sans toutefois compromettre les actions des Etats (forces de défense et de sécurité) ni violer les principes éthiques et déontologiques des métiers de l’information.

C’est pourquoi, à la présente édition du FILEP, nous vous convions à la réflexion sur ce thème : « Défis sécuritaires en Afrique : rôle et responsabilité des médias ».

Quels peuvent être rôle et responsabilité des médias ? Quelles leçons peut-on tirer des expériences de plusieurs pays africains confrontés à ce phénomène ? Quelles sont les limites objectives des médias face aux défis sécuritaires ? Comment faire des médias des partenaires stratégiques dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité sous toutes ses formes ? Voilà, entre autres, les questions auxquelles nous allons tenter de répondre à travers le colloque qui nous réunira au cours de ces trois jours.

 

Comme l’indique le programme, plusieurs autres activités marqueront cette présente édition. On peut noter, entre autres, l’exposition de photos au Centre National de Presse Norbert Zongo, la célébration de l’excellence à travers la remise du Prix Norbert Zogo du journalisme d’investigation et de celui de la meilleure journaliste burkinabè, la soirée de projection de films, la sortie de recueillement à Sapouy sur les lieux  de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons et, enfin, le concert de clôture.

 

Chers amis festivaliers,

 

Avant de clore mon propos, permettez-moi de remercier son Excellence le Président du Faso pour son soutien constant au FILEP. Monsieur le Haut-Représentant, nous vous demandons de lui traduire notre profonde gratitude. Mes remerciements vont également au Président de l’Assemblée nationale.

Merci à nos partenaires traditionnels notamment l’Ambassade royale du Danemark et Diakonia pour leur appui et accompagnement.

Merci à tous les partenaires de la présente édition !

 

A tous et toutes, je souhaite un agréable et fructueux Festival !

 

Je vous remercie !

 



09/11/2017
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